Avec ses 1400 instruments, l’Alsace, « das Land der Orgeln » comme l‘écrivait l’historien alsacien Médard Barth est la région de France la plus riche en orgues et beaucoup de ces instruments, comme celui de notre église Saint-Laurent, sont de très grande valeur.

Construit en 1932, notre instrument est Ie produit d'un important mouvement né au tout début du vingtième siècle et qu'on appela « Réforme Alsacienne de l’Orgue ». Albert Schweitzer en fut un des grands artisans. Cette réforme tendait à faire de l’orgue le rival de l’orchestre et prônait donc un orgue à «tout jouer».

II y eurent hélas de regrettables modernisations d'instruments historiques. II y eurent aussi de belles réalisations comme celles d'Erstein et de Bischheim, réalisations dues au facteur strasbourgeois Roethinger. Les grands noms de la facture alsacienne. Kern, Mulheisen, Schwenkedel, Koenig ... commencèrent leurs classes à « l’école Roethinger », école de référence donc.

L'orgue de Bischheim dispose de 49 jeux qui sont répartis sur quatre claviers manuels et un pédalier, ce qui en fait un des plus imposants d'Alsace. Il est situé au-dessus du narthex. L'originalité de cet instrument est de posséder un « Fernwerk » ou «buffet éloigné» ou «orgue d’écho» situé dans le transept droit de l’église. Cet orgue d'écho qui est autonome est muni d’un jeu à percussions dit «harpe céleste», une espèce de carillon à lames, commandé depuis le 4^e clavier de la console située à la tribune. La console primitive de l’orgue a été remplacée en 1984 dans le respect de la composition initiale par la manufacture d’orgues Koenig de Sarre-Union. On peut la voir dans le narthex de l’église.

L’effet décoratif de l’orgue se révèle dans l’agencement de tuyaux factices disposés devant la rosace dans un esprit Art Déco.

Un tel instrument nécessite des soins tout particuliers et c’est pourquoi fut créée en 1997 une association chargée de préserver et d'entretenir une telle richesse. Cette association, ouverte à tous, organise des manifestations, des concerts, des visites guidées destinées à faire connaître et surtout à faire entendre l’instrument, à récolter aussi des fonds pour les éventuelles réparations. La forêt de tuyaux, plus de trois mille, réclame en effet un entretien régulier et attentif, et nous serions tous coupables de laisser cette forêt en friche !